Bilan du maire Sébastien Leprêtre

A l’occasion des élections municipales, nous nous sommes penchés sur le bilan du maire sortant. Sébastien Leprêtre, maire UMP de La Madeleine depuis 2008, a été particulièrement  expert en… communication pour mettre en avant ses activités et sa personne.

Illustratif : dans le premier numéro de la nouvelle formule du magazine municipal, la tête de M. Le Maire apparaissait pas moins de 17 fois en une vingtaine de pages ! Le ton était donné… (vous pouvez recompter ici).

Sa majorité communique régulièrement (y compris dans le journal municipal) à propos d’une note de 20/20 en gestion financière attribué à la ville par une association de contribuables (www.contribuables.org). Ce qu’elle se garde de dire, c’est qu’une autre évaluation des communes par le journal Les Echos donne des notes bien plus médiocres à la ville sur bon nombre de sujets : 8/20 en compétitivité fiscale, 8/20 en dynamisme entrepreneurial, 8/20 en cohésion sociale et 5/20 en politique du logement.

Derrière la communication donc, la réalité semble bien moins reluisante. Nous vous proposons un petit tour d’horizon de quelques aspects pas toujours connus du bilan de S. Leprêtre.

(Vous pouvez cliquez sur un des thèmes ci-dessous ou lire le bilan en continu)

 

Economie et emplois

Dans un contexte national et international certes difficile, La Madeleine n’a pas particulièrement brillé sur le plan économique. Le Maire d’une commune n’en est bien sûr pas seul responsable, mais il peut par des investissements stimuler l’emploi local et l’installation d’entreprises.

Le nombre de chômeurs sur la commune (demandeurs d’emploi de catégorie A) a augmenté d’environ 30% entre 2008 et 2011. En 2010, le taux de chômage y était 2,5 points au-dessus de la moyenne nationale (source : INSEE).

En excluant les statuts d’auto-entrepreneurs qui s’obtiennent très simplement, seulement une centaine d’entreprises ont été créées dans la ville en 2011, et le taux d’entreprises qui survivent plus de 3 ans est inférieur à la moyenne nationale (source : INSEE et Les Echos).

Symptomatique : la nouvelle médiathèque de la ville – projet phare du Maire et investissement important – a un fonctionnement très automatisé et a généré la création de peu d’emplois.

Enfin, le projet de zone économique sur une ancienne friche SNCF promis par la majorité municipale n’est toujours pas sorti de terre, et figurera probablement comme une redite dans son nouveau programme électoral.

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Fiscalité

A force de le répéter, la majorité municipale a presque réussi à faire croire que les Madeleinois payaient moins d’impôts locaux aujourd’hui que pendant les années précédant l’élection de M. Leprêtre en 2008. En fait, c’est faux (comme le montre par exemple ce graphe).

Source : site internet proxiti.info

Source : site internet proxiti.info

Certes, les taux d’imposition ont baissé mais dans des proportions qui sont annulées par la hausse de la valeur locative. Le taux de la taxe d’habitation n’a été réduit que de 0,3 points par an (de 26,94% à 24,93% en 2013), et ce sans compter la contribution au SIVOM issue d’un transfert de compétences.

Autre mythe : les impôts locaux à La Madeleine seraient très bas grâce à la gestion rigoureuse et parcimonieuse du budget de la ville. La taxe sur le non-bâti est certes faible, mais les autres taux d’impôts locaux à La Madeleine sont largement supérieurs à la moyenne du Nord (preuve ici et ). D’autres villes proches ont des niveaux plus faibles ou similaires tout en menant des politiques d’investissement.

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Développement durable

A vélo, on risque parfois d’aller droit dans le poteau! ("aménagement" rue de Paris)

A vélo, on risque parfois d’aller droit dans le poteau! (« aménagement » rue de Paris)

M. Leprêtre se présente comme un féru de développement durable, fait assez rare dans les rangs de son parti. Mais derrière les mots et face à l’urgence environnementale, ses actions ont été généralement insuffisantes et trop superficielles. Quelques travaux d’isolation thermique dans les bâtiments publics (tout comme le font désormais de nombreux particuliers sans en faire autant de publicité…), un peu d’espaces verts en plus (dans une ville qui en compte peu), quelques mesures pour le vélo (essentiellement financées par la Communauté urbaine). Pour autant, qui laisserait son enfant traverser La Madeleine à vélo ?

On doit déplorer l’absence du moindre projet d’éco-quartier exemplaire, ainsi que le manque de décisions courageuses pour faire reculer la place de la voiture dans la ville. Au contraire, le Maire s’est engagé à plusieurs reprises à maintenir et même accroître le nombre de places de stationnement (il en a créé 220 pendant son mandat !). Alors que l’OMS tire la sonnette d’alarme sur les cancers dus à la pollution de l’air et que la menace de dérèglement climatique est avérée, nos élus doivent impérativement tenir un autre discours pour que les mentalités évoluent sur la voiture individuelle.

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Solidarité

Autre trouvaille de Sébastien Leprêtre: des panneaux publics pour stigmatiser ceux qui le gênent. La polémique qui en a suivi lui a valu "l’honneur" d’une interview dans Le Monde...

Autre trouvaille de Sébastien Leprêtre: des panneaux publics pour stigmatiser ceux qui le gênent. La polémique qui en a suivi lui a valu « l’honneur » d’une interview dans Le Monde…

Le mandat de Sébastien Leprêtre a surtout été marqué par son acharnement contre les Roms, à coup d’arrêtés anti-mendicité et anti-fouille des poubelles (traduits en Roumain et Bulgare !).

Cette stigmatisation a défrayé la chronique, soulevé les protestations de la ligue des droits de l’homme, et dénote un manque d’humanité flagrant dans un pays qui érige la fraternité en valeur cardinale. En ne construisant pas d’aire d’accueil et en tentant de chasser ces populations, le Maire a donné de la ville une image bien peu accueillante.

A cela s’ajoute sa demande incongrue de démonter les abribus suspectés d’accueillir des prostituées. Il revendique de « ne jamais lâcher le morceau, comme pour les Roms« , un vocabulaire d’une grande violence et d’un grand mépris à l’égard de personnes humaines (La Voix du Nord).

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Education

En début de mandat, M. Leprêtre a commencé par une idée pour le moins brutale : fermer une école élémentaire. Grâce à la mobilisation d’un collectif et de parents d’élèves, le projet a été contré.

Depuis, la politique de la Mairie a cherché à faire moins de vagues. Mais elle n’a pas proposé de solutions pour améliorer les échanges et la mixité entre les quartiers de la ville (qui reste fracturée en deux par la rue du Général de Gaulle). Et on peut déplorer la remise en cause des réseaux d’aide aux élèves en difficulté.

Avec la nouvelle réforme des rythmes scolaires, les municipalités ne se contentent plus de gérer les équipements mais devront mettre en place une véritable approche éducative pour les activités périscolaires. Les choix de Sébastien Leprêtre sont loin d’être convaincants, notamment le saucissonnage proposé des activités périscolaires en tranches de 30 minutes (qui ne permettent pas de lancer de vraies activités).

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Qualité de vie

Pour nombre de ses habitants, La Madeleine reste une ville dortoir. On y habite mais on s’y balade peu, on y trouve peu de lieux et aménagements favorisant la convivialité.

La place du marché de La Madeleine : bitume et parking à gogo

La place du marché de La Madeleine : bitume et parking à gogo

On peut le comprendre : La Madeleine est morcelée par de grands axes routiers qui découragent les piétons (il fût un temps où le Grand Boulevard invitait à la promenade, c’est désormais une autoroute urbaine). Si l’on peut se réjouir de l’ouverture d’une médiathèque, la Place du Marché reste désespérément sinistre. En outre, en autorisant la construction de 7% de logements supplémentaires pendant son mandat, le Maire a continué à bétonner dans une ville qui a déjà une densité record dans la métropole (et qui comprend plus de 6% de logements vacants selon l’INSEE).

A cela s’ajoute la désagréable impression d’être surveillé à chaque coin de rue par les dizaines de caméras de surveillance installées par la municipalité. Un coût important (plus de 500000 €) alors que (de l’aveu même de M. Leprêtre) on ne sait pas encore si ces caméras ont un effet dissuasif (propos dans la Voix du Nord) et on attend toujours des indicateurs permettant d’évaluer précisément leur efficacité. Cela n’empêche pas le maire de proposer d’accroître la dépense en installant encore plus de caméras.

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Démocrative participative

Son prédécesseur ayant fait tellement peu en la matière, il n’était pas difficile pour M. Leprêtre de faire mieux. Pourtant, il y a matière à redire sur sa conception de la démocratie locale.

Aucun conseil de quartier n’a été créé, une pratique pourtant répandue ailleurs. Le « Conseil communal consultatif » que M. Leprêtre a mis en place est composé de membres choisis par son équipe, en grande partie des représentants d’associations qui sont subventionnées par la Mairie. C’est mélanger consultation et cooptation.

En outre, M. Leprêtre semble très pointilleux sur l’expression politique à son encontre. Son équipe a censuré plusieurs fois les tribunes de l’opposition pour le magazine municipal au motif qu’elles débordaient des stricts enjeux locaux. Cela n’a pas empêché sa majorité d’y évoquer les sondages concernant le Président de la République…

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Pour conclure

Sébastien Leprêtre pense sans doute que ce bilan est suffisant pour se faire réélire. Mais, au fait, pour quoi faire ?

Edifiant : lorsqu’un journaliste lui demande pourquoi il se représente, sa réponse la plus spontanée n’a rien à voir avec le bien-être des Madeleinois ou le développement de la ville. Il répond : « Je n’ai pas envie de laisser ma place » (Voix du Nord).

En 2008, M. Leprêtre avait pu paraître innovant en remplaçant un prédécesseur ayant quelque peu assoupi la ville après un règne beaucoup trop long. Mais l’effet de nouveauté est passé et voilà M. Leprêtre déjà menacé de sclérose : son site internet de campagne (www.vivelamadeleine.fr) ne présente au débat que très peu d’idées nouvelles et ne propose aucune ambition forte pour la ville (essentiellement du réchauffé: caméras de surveillance, friches SNCF et Huet, opposition au tram-train, conseil communal consultatif…). Après Vivre La Madeleine en 2008, son nouveau slogan de campagne est un remake quasi-identique :Vive La Madeleine. Ne serait-ce pas plutôt très Vide La Madeleine ?

 

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